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Publié le 29/04/2022 14:05
Temps de lecture : 2 minutes.
Alors que l’Inspection générale de l’enseignement, des sports et de la recherche enquête sur la réponse de l’Université aux allégations de violences sexuelles à l’encontre d’un étudiant en médecine à Tours, Myriam Espinasse, vice-présidente de l’Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l’enseignement, estime que Myriam Espinasse regrette qu’en l’espèce, il n’y ait pas eu “d’introduction à la procédure disciplinaire” et exige donc un enregistrement “systématique”.
franceinfo : Les universités ont-elles pris leurs responsabilités ?
Myriam Espinasse : Cette affaire montre très bien les nombreuses failles dans la gestion des violences sexistes et sexuelles par ces deux universités Tours et Limoges. Il n’y a pas eu de saisie de la procédure disciplinaire alors que nous avons pu prendre des mesures de protection pour les victimes et un exercice pratique de responsabilité pour cet étudiant qui a été inculpé dans de nombreux cas. Ce que nous demandons, c’est que le processus disciplinaire soit systématiquement instauré. C’est déjà une obligation légale pour les universités. Nous voulons que ce processus démarre et nous voulons savoir ce qui se passe. Ces décisions ne peuvent être prises dans l’ombre. La lutte contre les violences sexistes et sexuelles passe par la transparence et c’est ce que nous exigeons aujourd’hui.
N’y a-t-il aucun risque d’empêcher les autres victimes de parler ?
Exactement. Je voudrais saluer et apporter tout notre soutien à ces victimes qui sont très courageuses dans leur discours. Ce que l’on constate aujourd’hui dans l’enseignement supérieur, c’est que seuls 10% des étudiants parlent dans leur établissement d’actes de violences sexistes et sexuelles qu’ils ont subis ou constatés. Aujourd’hui, il y a un dialogue qui a été interrompu. Les victimes sont appelées à parler, mais les victimes parlent. Ce que nous voulons aujourd’hui, ce sont des actes et la fin de l’immobilisme. Nous voulons que les actions soient prises en compte, notamment la formation systématique des acteurs qui incarnent la lutte contre la violence. Cela commence par le président de l’université, par les membres des cellules d’accompagnement et d’écoute et des cellules disciplinaires. Nous souhaitons que les outils de communication soient renforcés dans les systèmes existants et surtout que le processus disciplinaire soit systématique et correctement mis en œuvre.
En même temps, il y a la présomption d’innocence.
C’est là qu’une erreur très importante a été commise par cette université [de Tours] et plein d’autres. Il existe aujourd’hui en droit français l’indépendance des poursuites pénales et disciplinaires. Les instances disciplinaires peuvent mettre fin à la scolarité, même en l’absence de poursuites pénales. Nous allons à l’encontre du droit à une éducation pacifique et sécurisée pour tous les élèves. Nous pouvons prendre des mesures pour protéger les victimes et éloigner les auteurs, nous pouvons mettre fin à l’éducation des auteurs présumés de violences. Là aujourd’hui les victimes ne sont pas protégées. Ce ne peut pas être la roulette russe.
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