Mis à jour hier à 12h59
                Gabriel Béland La Presse             

« Si ce n’est pas de l’illusion, je ne sais pas ce que c’est ! Il a couru après des hommes non armés avec une épée, pensant qu’il était courageux. “Et il était convaincu que les gens reconnaîtraient son courage”, a déclaré le psychiatre de l’Institut Philippe-Pinel. Le docteur Chamberlain s’est entretenu avec le tueur du vieux Québec, à la demande de son avocat. Il a également examiné les rapports d’autres experts créés pendant l’enfance de Girouard. Sa conclusion ? Le tueur n’est ni un narcissique ni un sadique, mais plutôt autiste, un schizophrène victime d’un délire vidéoludique massif qui prenait de plus en plus de place dans sa tête jusqu’à ce qu’il passe à l’action. “Pour lui, il faut être dans un monde sans technologie, sans voitures, chacun pour soi comme si nous étions des survivants”, a expliqué le psychiatre. “Vous pensez peut-être qu’il l’invente… Mais ce n’est pas une mauvaise chose, le délire. C’est malade, c’est délirant. Sinon, il sera difficile d’expliquer qu’une personne dit de telles choses. » L’expert de la défense a commencé son témoignage en parlant d’une évaluation par le Dr Hubert Van Gijseghem qui a eu lieu au moment du divorce des parents de Carl Girouard. Elle devait évaluer leur capacité d’éducation, mais la psychologue a été particulièrement impressionnée par la personnalité de l’enfant de 12 ans. “Dès l’âge de 12 ans, le psychologue s’aperçoit qu’il est rigide dans ses idées, très formel. “Il manque de sensibilité sociale et son toucher est un peu robotique”, a déclaré le Dr Chamberlain au jury. Le psychologue trouve chez le jeune Jiroure “un problème intrapsychique très important”, une possibilité agressive et impulsive, des idées malsaines. “C’est une pathologie”, ajoute le Dr Chamberlain. Puis, à l’âge de 16 ans, l’idée de tuer des gens avec une épée surgit dans la tête de Girouard. C’est le début du délire, selon Gilles Chamberland. “C’est simplement venu à notre connaissance à ce moment-là. Ils ne sont plus deux Carl. La maladie n’a pas encore tout structuré. Plus il ira loin, plus il deviendra deux. »

La pandémie a tout changé

Les “deux Carls” parviennent à vivre ensemble pendant un certain temps. Il exerce différents métiers, il reste fonctionnel malgré son délire. “Pendant des années, le côté sain a pu ignorer le délire. » Cependant, le jeune homme est isolé. Il n’a pas d’amis. Il n’a jamais eu de relations sexuelles. Il achète 20 épées au fil du temps et dépense 2 500 dollars en masques de toutes sortes. Mais en mars 2020, grâce à la pandémie, Zirouar quitte son emploi, demande une assurance-emploi et recourt aux jeux vidéo à l’épée. “C’est simplement venu à notre connaissance à ce moment-là. À partir du moment où il arrête de travailler, il perçoit des allocations de chômage, reste à la maison, joue juste aux jeux vidéo. » Il est de plus en plus convaincu qu’il doit tuer des innocents le soir de l’Halloween dans le Vieux-Québec. Lorsqu’il apprend que ce sera une nuit de pleine lune, il décide d’agir. “Quand il devient fou, il ne peut pas comprendre”, a expliqué le psychiatre. Zirouar reste calme lors de son évasion morbide et est tout aussi calme lors de son arrestation. Il reste silencieux pendant cinq heures lors de son interrogatoire. Ces comportements ne sont pas incompatibles avec le délire, selon le Dr Chamberlain. “C’est quelqu’un qui n’est pas capable d’avoir des émotions. Il a des émotions. On peut le trouver enrhumé, mais c’est ainsi”, a-t-il dit, rappelant que selon lui il est dans le spectre de l’autisme. Le Dr Chamberlain a témoigné en défense que le tueur n’était pas responsable de ses actes parce qu’il souffrait d’un trouble mental. La Couronne le jugera devant un tribunal du Québec lundi et prévoit également de présenter l’expérience d’un psychiatre. Carl Girouard est accusé de deux chefs de meurtre au premier degré et de cinq chefs de tentative de meurtre.