Certains y verront la soudaine maturité d’un président désormais quadragénaire. D’autres une prise de conscience de la gravité de son travail. A moins que ce ne soit plus mesquin pour un sens aigu de la tactique politique. Le chef de l’Etat de 2022 n’est plus l’homme pressé de 2017. Il est réélu dimanche 24 avril à la tête d’un pays qui sait qu’il n’est pas aimé, il prend son temps. Cherchez à écouter et à comprendre. Et peut-être qu’il sera aimé et entendu. Après la marche agitée de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise), mercredi 27 avril, où il a été accueilli par des jets de cerises, c’est depuis le marché de Barbazan-Debat (Hautes-Pyrénées), vendredi 29 avril, que le locataire de l’Elysée semblait chercher à prolonger le temps en se serrant la main, en écoutant les plaintes et en saisissant les félicitations. À lire aussi : Emanuel Macron continue de “préparer la suite” dans les Pyrénées, le PS suspend les discussions avec LFI… Actualité politique du jour
Au lendemain d’un conseil des ministres initialement considéré comme le dernier de son premier quinquennat, Emanuel Macron corrige d’emblée les malentendus. “Aujourd’hui, ce gouvernement doit être aux commandes jusqu’à ce qu’il devienne un investissement. Un investissement qui souffle (…). Je veux aussi me calmer et préparer la suite. Et l’investissement qui est fait, [qu’on se] “Re-projections avec décisions, nouveaux visages”, dit-il. “On est dans une phase de règlement où il faut s’occuper des urgences, parfois géopolitiques, et puis préparer la suite”, a-t-il insisté avant d’ajouter, s’adressant aux impatients : “la suite viendra”. »

Prendre le pouls du sol

Alors que les bombes russes pleuvent sur Kiev, une urgence géopolitique se profile déjà. Le président devait rencontrer son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky le samedi 30 avril. La politique politique attendra. Le Premier ministre, Jean Castex, devra donc tenir la barre quelques jours, peut-être une semaine, si la prise de pouvoir d’Emmanuel Macron a lieu le 8 mai, avant que la voie ne soit ouverte à un ou plusieurs successeurs. Emanuel Macron veut prendre le temps de la réflexion et ne pas laisser entendre que la coloration de son deuxième quinquennat aurait dû être écrite par Paris sans prendre le pouls du terrain. Sortir de la barbarie des autorités, “Macron II” entend, selon ses mots, agir avec “subtilité”. Lire aussi : L’article était réservé à nos abonnés L’élection du Premier ministre, une subtile équation pour Emanuel Macron
Mais être sensible n’empêche pas d’être intelligent. Emanuel Macron observe ses adversaires. Il entend aussi laisser les partis, des républicains aux socialistes, s’entre-déchirer, en attendant que la gauche frustrée et la droite en lambeaux viennent à lui. Pas de précipitation. Le premier tour des élections législatives est prévu le 12 juin. Vous devez lire 62,69% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.