Entre environ 2h00 et à 5 heures du matin de mardi à mercredi, des mains expertes et averties ont attaqué les câbles à fibres optiques interurbains “longue distance” dans quatre “chambres de traction” isolées situées à Chalifert et La Chapelle-la-Reine. Marne), Maurecourt (Yvelines) et Génicourt (Val-d’Oise). Une série “d’actes malveillants coordonnés sans précédent”, selon les termes de la Fédération française des télécommunications (FFT), qui a sévèrement privé, ou ralenti, l’accès à Internet en Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand-E et Île -de-France. Selon Free, le principal opérateur concerné par SFR, environ 100 000 de ses abonnés ont été concernés. Les saboteurs, sans doute équipés d’une meuleuse, coupaient des câbles contenant chacun plusieurs centaines de câbles de fibres, et s’efforçaient, par endroits, de les mutiler d’un mètre, pour compliquer encore les réparations. L’affaire a été suivie de près au ministère de l’Intérieur par le Centre interministériel des opérations de gestion de crise, chargé de l’analyse et de la gestion des catastrophes naturelles et technologiques. Les conséquences seront finalement assez limitées. Le réseau a montré sa résilience puisque dès mercredi soir, selon la FFT, “presque toutes les connexions” avaient été rétablies.
Un site anarchiste heureux
Le service cyber du parquet de Paris a rapidement ouvert une enquête pour “dégradation de biens pouvant porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation”, “entrave à un système de traitement automatisé de données” et “association de malfaiteurs”. Elle a été commanditée par la DGSI, le service de renseignement et la sous-direction antiterroriste d’une équipe d’enquête sur les violences extrémistes. Et plus précisément ceux attribués au mouvement d’extrême gauche. Ce n’est pas une affirmation, mais au moins cela laisse présager une certaine joie : “Et une belle nuit, Internet a été coupé dans une bonne partie du pays…” Voici une sélection d’articles en lien avec le sabotage, du mardi au Mercredi soir, ciblant le réseau fibre optique. Bienvenue sur Sansnom.noblogs, “un nouveau site anti-émeute anarchiste” créé en juin 2020, peut-on y lire. Ses auteurs listent toutes les attaques d’antennes relais et autres sabotages électriques, avec le prétendu slogan « Je détruis avec passion ! »
Quelles qualifications juridiques pour ces opérations ?
Ce n’est pas la première fois qu’Internet est saboté. En mai 2020, au milieu d’un blocus, plus de 100 000 clients d’Orange, y compris des hôpitaux, avaient été coupés après avoir coupé des câbles dans une usine du sud de Paris. Malgré l’investissement important, les policiers de la brigade criminelle n’ont pas été en mesure de localiser les auteurs ni celui qui pouvait les guider pour savoir où intervenir pour créer les plus gros dégâts. Les chercheurs se sont principalement penchés sur le problème du nombre colossal de sous-traitants travaillant sur ce type d’installation. En sera-t-il de même pour les enquêtes ouvertes cette semaine ? Lire aussi – Scopelec, installateur cuivre et fibre optique pour Orange, va porter plainte contre l’opérateur télécom Pour Éric Delbecque, auteur des Ingouvernables (Grasset), un livre consacré aux radicaux de la mouvance d’extrême gauche, cet épisode démontre “la nécessité de mieux construire une sécurité continue entre le secteur privé et le secteur public” face à la vulnérabilité de ces infrastructures. Il pose également la question de la qualification juridique de ces actes, terroristes ou non, quatre ans après le fiasco judiciaire de Tarnac qui s’est soldé par la libération du principal accusé du sabotage des lignes TGV en 2008.