Posté à 12h00
Marc Thibodeau La Presse
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peshkov, a prévenu jeudi que la volonté déclarée de ces États de « larguer des armes, y compris des armes lourdes » sur le pays au profit de Kiev « menace la sécurité du continent et provoque « l’instabilité ». Le président Vladimir Poutine avait souligné la veille que toute tentative d’intervention en Ukraine qui constituait une menace “inacceptable” pour la Russie recevrait une réponse “rapide comme l’éclair”. PHOTO MIKHAÏL KLIMENTEV, PRESSE ASSOCIÉE Le président russe Vladimir Poutine lors d’une réunion virtuelle avec son Conseil de sécurité au Kremlin vendredi Il a précisé que son régime disposait de tous les outils nécessaires pour agir – y compris “des actes dont personne d’autre ne peut se vanter en ce moment” – sans être plus précis.
La Russie est “déçue”
Justin Massie, expert en défense et sécurité à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), note que ces menaces font partie du « récit du Kremlin selon lequel la Russie est attaquée par l’OTAN » et cherche à se défendre par ses actions en Ukraine. Ce message est véhiculé depuis le début du conflit, mais s’est intensifié ces derniers temps, ce qui montre “la frustration que la Russie a ressentie face aux difficultés militaires en Ukraine”, a déclaré l’analyste, qui ne voit pas comment Moscou va s’affronter directement. avec l’Alliance atlantique pourrait être envisagée. Classiquement, que ce soit par voie terrestre ou aérienne, la Russie ne serait pas en mesure de rivaliser avec les membres de l’OTAN sans subir d’énormes pertes. Justin Massie, spécialiste en défense et sécurité associé à l’UQAM Pierre Jolicoeur, vice-chancelier à la recherche au Collège militaire royal de Saint-Jean, note que l’armée russe semble déjà avoir « les mains pleines » avec l’offensive en cours dans l’est de l’Ukraine pour occuper le Donbass. “Je ne pense pas que la Russie bénéficiera de l’escalade du conflit”, a-t-il dit, citant des estimations selon lesquelles l’armée russe a perdu près d’un quart de sa “capacité militaire” en Ukraine depuis la mi-février. “Poutine ne veut pas de confrontation directe avec l’Otan. “Ce serait un désastre.”
Tentatives de déstabilisation de la Moldavie
La capacité de la Russie à intensifier ses attaques contre les pays occidentaux ne se limite cependant pas à la force brute, prévient le chercheur, qui a cité cette semaine en annonçant une coupure des approvisionnements en gaz vers la Pologne et la Bulgarie comme un moyen efficace d’augmenter la pression. L’Union européenne a assuré qu’elle sera en mesure de compenser la baisse des deux pays, mais la situation deviendra rapidement ingérable si d’autres grands États européens sont à leur tour visés par Moscou, a déclaré Jolicoeur. Le Kremlin pourrait également chercher à aggraver le conflit en tentant de déstabiliser les pays non-OTAN de la région, comme la Moldavie, dirigée depuis plusieurs années par un gouvernement pro-occidental. PHOTO FOURNIE PAR LE MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR DE LA DÉMOCRATIE AUTODÉCLARÉE Des antennes radio ont été détruites au sol à Mayak, dans la région séparatiste moldave de Transnistrie, le 26 avril. Les dirigeants pro-russes de la région séparatiste de Transnistrie, dans l’est du pays, ont affirmé cette semaine que les forces ukrainiennes avaient mené des attaques, notamment dans un village où se trouve un important dépôt de munitions russe. L’Institut pour l’étude de la guerre estime qu’il pourrait s’agir d’une direction orchestrée par Moscou pour justifier le déploiement de forces supplémentaires susceptibles de renforcer les 1 500 hommes déjà sur place. Ils pourraient notamment être utilisés plus tard dans une attaque contre le port ukrainien d’Odessa, situé non loin à l’est, ou du moins constituer une menace qui pourrait peser sur les décisions stratégiques de l’armée ukrainienne, note l’organisation. Le Royal United Services Institute for Defence and Security Studies, institut de recherche britannique spécialisé dans la défense et la sécurité, note que Moscou pourrait vouloir faire comprendre aux pays occidentaux que leur soutien à l’Ukraine risque d’avoir des “conséquences d’échelle”. . Si elle s’avère, la tentative de déstabilisation de la Moldavie pourrait aussi prouver, selon Pierre Jolicoeur, le fait que le gouvernement russe n’a pas renoncé à l’élargissement de sa sphère d’influence malgré les difficultés que traverse l’Ukraine et veut agir avant son pays. de ne pas aller en permanence au camp de l’OTAN.