Dans une lettre de quatre pages, le maire écologiste de Grenoble, Éric Piolle, a décidé d’interroger vendredi le président réélu Emmanuel Macron. Urgence climatique, réforme des retraites, liberté d’association, laïcité… Parmi les sujets abordés, une phrase a particulièrement retenu l’attention des Grenoblois et des élus locaux. Une proposition qui à l’approche de l’été risque de relancer le débat sur l’usage du burkini en public. Lire aussi Hélé Béji : “Le voile est-il archaïque ou postmoderne ?” “A Grenoble, nous veillerons à ce qu’aucun règlement intérieur d’aucun équipement public ne constitue un ordre ou une distinction”, a écrit l’élue EELV, sans citer aucun vêtement ni signe religieux. Est-ce à dire qu’elle entend autoriser les piscines grenobloises au maillot de bain couvert, censé permettre aux musulmans de se baigner sans déroger à la « pudeur islamique » ? Interpellé en ce sens par le quotidien régional Le Dauphiné, Éric Piolle laisse entrevoir sa préférence pour l’autorisation, sans franchir le pas pour le moment. “Nous pensons que la marque du patriarcat est le mandat de se couvrir ou de se révéler”, a-t-il déclaré avant d’expliquer qu’il voulait “considérer l’importance de ces tabous qui ne progressent pas et qui ne respectent pas la liberté, qu’elle soit religieuse ou non”. .” . Selon lui, “ces questions restent là car elles ne sont pas résolues. Quand il y a confusion, elle perpétue le débat et fait levier sur l’Islam politique qui cherche à promouvoir des pions, mais cède aussi la place à de nombreux débats qui cachent mal leur racisme anti-musulman. Éric Piolle assure que la question sera débattue en conseil en mai et que la décision sera prise “avant l’ouverture des piscines en juin”. A lire aussi “Non Emmanuel Macron, le voile des femmes n’est pas neutre” Ses déclarations n’ont pas tardé à faire réagir l’opposition. Alain Carignon, ancien maire de Grenoble de 1983 à 1995, ministre de l’environnement sous Jacques Chirac et aujourd’hui membre de l’opposition au conseil municipal de Grenoble, y voit une formalisation de l’approbation du burkini. “Aujourd’hui Éric Piolle annonce qu’il proposera le mandat de Burkini dans les poules le 16 mai au Conseil municipal : j’appelle les Grenoblois à venir ce jour-là pour demander un référendum. “Il n’a aucun mandat pour soutenir l’islam politique”, a-t-il écrit dans un tweet publié vendredi soir. Ce n’est pas la première fois que le maire de Grenoble remet en cause sa position sur la question burkini. En 2019, des manifestants de l’Alliance citoyenne s’étaient emparés des piscines de Grenoble, vêtus de burqas, alors que le règlement intérieur le leur interdisait. S’il avait condamné la contestation, l’élu n’aurait pas décidé de porter ou non la burqa, ce dont il avait été fortement accusé.

“Je n’ai pas besoin de regarder ta chemise”

L’été dernier, il expliquait au micro de France Inter que “le burkini dans les piscines n’est pas un problème de laïcité”. “Je n’ai pas besoin de regarder votre chemise. “Vous vous habillez comme vous voulez tant que vous respectez les règles d’hygiène et de sécurité”, a-t-il poursuivi. Plus récemment, en février dernier, Éric Piolle affichait son soutien aux Hijabeuses, une équipe qui défend le droit des femmes à jouer au football voilées, précisant sa volonté d’envisager l’usage du burqini. “La majorité d’entre moi qui conduis à Grenoble est engagé dans une démarche de réflexion et d’éducation”, a-t-il expliqué sur Twitter avant de réaffirmer sa position “avant l’ouverture des piscines d’été”. Lire aussi Présidentielle 2022 : Marin Le Pen peine à briser le voile Une déclaration qui lui a valu une opposition dans son propre camp, chez plusieurs anciens adjoints au maire qui s’auto-identifient comme “camarades de rue et terrain fertile pour les rouges/verts grenoblois”. Dès lors, des personnalités proches des idées sociales et écologiques d’Éric Piolle, mais opposées à “l’idée de répondre aux exigences de l’islam politique”, écrivent dans un texte joint à un rapport visant à aborder les questions liées au Burkina Faso. ordre du jour du conseil municipal.