Où s’arrêtera-t-il ? Une sixième limite planétaire vient d’être à nouveau dépassée, c’est l’activité humaine excessive qui en est responsable. C’est en tout cas la conclusion d’une étude publiée sur Internet par la revue scientifique Nature mardi dernier. Dans leurs travaux, ces chercheurs travaillant dans diverses institutions, de l’Université de Stockholm au Potsdam Climate Impact Research Institute, en passant par l’Université du Colorado, confirment que le cycle de l’eau douce est désormais en péril.
Le sens des limites
« Limite planétaire », une expression qui peut sembler sombre ou abstraite. Par conséquent, il est nécessaire de se pencher d’abord sur son histoire et de clarifier sa définition. Ce critère d’évaluation scientifique et écologique est avant tout le fait d’un collège international d’experts qui a travaillé sur l’idée entre 2009 et 2015, afin d’adopter une grille de lecture permettant d’évaluer l’état de la Terre. Comme le note ici le site d’informations environnementales bonbonnière, ces 28 experts ont identifié neuf “limites planétaires”. Chacun d’eux détermine pour une ressource donnée ou un aspect de la nature (comme l’eau par exemple), la portée maximale qu’il faut respecter pour que l’activité humaine reste supportable et permette la perpétuation de la vie dans des conditions appropriées. Dans un rapport sur l’environnement publié en octobre 2019, le ministère de la Transition écologique précise : “Ce sont des limites naturelles, que l’humanité doit être obligée de respecter, si elle ne veut pas mettre en péril les conditions favorables dans lesquelles elle pourrait se développer.” . . C’est donc une de ses sauvegardes qu’elle vient de tomber sous les coups de l’homme. Cependant, ces limites ne sont pas serrées et en violer une conduit inévitablement à une approche très proche de la suivante. Il s’agit de la deuxième violation de ce type pour l’année 2022 depuis janvier dernier, selon des scientifiques du Stockholm Centre for Durability – un instrument également lié à cette nouvelle étude publiée par Nature – fait remarquer que le seuil critique d’”introduction de nouvelles entités dans la biosphère” a été dépassé, à savoir la pollution chimique de notre environnement. Avant cette cinquième inondation, nous avions déjà brisé le plafond du changement climatique, la diversité génétique (provoquant une érosion de la biodiversité), mettant en danger l’utilisation des terres et perturbé le cycle du phosphore et de l’azote.
“L’eau douce est la circulation sanguine de la biosphère”
Dans quelle mesure ce sixième excès et défi du cycle de l’eau douce est-il particulièrement nocif ? “L’eau douce est la circulation sanguine de la biosphère”, écrit douloureusement l’étude Nature. Il est donc nécessaire de maintenir des conditions environnementales et climatiques durables. Les chercheurs ont vraiment séparé ce cycle de l’eau douce dans leurs travaux. D’une part, ils distinguaient « l’eau bleue », dont notre consommation n’est pas encore menacée et qui correspond à l’eau qui résulte des précipitations et qui est finalement stockée dans des lacs, réservoirs ou débarquement dans l’océan. En revanche, ils la considéraient comme une “eau verte”, qui provient également des précipitations atmosphériques et est bue par les plantes. C’est ce qui est affecté. “L’intervention humaine avec l’eau verte a maintenant augmenté à un point tel que le risque de changement non linéaire à grande échelle augmente et compromet la capacité du système terrestre à rester dans l’Holocène (notre âge géologique, NDLR).” développer les auteurs de l’étude.
Les souffrances des experts
“Je ne sais plus comment le dire, parfois il le criait puis fermait la bouche devant le flot incessant des nouvelles… Mais comprenez-vous ce que signifie le manque d’eau ? Plus d’énergie, plus rien à manger, nous sommes en fait rien, tu es sûr que tu veux continuer comme ça ?
Trois autres limites devant nous
Pour les auteurs du document, la situation n’est pas encore irréversible. Mais l’une de leurs dernières remarques ressemble plus à un sombre avertissement qu’à un message d’espoir : “Les tendances mondiales actuelles et les trajectoires d’augmentation de l’utilisation de l’eau, de l’érosion des sols, de la pollution de l’air et du changement climatique doivent être arrêtées et inversées pour augmenter nos chances d’assurer notre sécurité.” Sur les neuf frontières planétaires qui gouvernent notre monde, seules trois restent donc vertes. Ce sont la diminution de l’azote dans la stratosphère, l’acidification des océans, l’augmentation des aérosols dans l’atmosphère. Mais nous ne sommes pas à l’abri d’une mauvaise surprise : ce dernier n’a pas encore été testé. Robin Verner Journaliste BFMTV