Banlieue familiale détruite
Butcha était, avant le début de l’invasion russe le 24 février, une banlieue familiale d’environ 37 000 habitants, située à 30 kilomètres au nord-ouest de Kiev et entourée de forêts de pins. Les militaires russes y sont entrés le 27 février, mais n’en ont effectivement pris le contrôle que le 5 mars, selon l’ONG Human Rights Watch, qui a enquêté sur les lieux. Plusieurs opérations d’évacuation ont été menées par les autorités ukrainiennes jusqu’à cette date, mais environ 4 000 habitants sont restés bloqués par la suite. Il est interdit d’entrer dans la presse à Boutsa à partir du 13 mars. Après le retrait des forces russes de la région de Kiev le 31 mars, le maire de Bucha, Anatoly Fedoruk, a annoncé le 1er avril la “libération de la ville”.
Premières découvertes macabres
Les journalistes parviennent à pénétrer à Boutsas le 1er avril. Alors qu’ils traversent la ville en ruine, ils trouvent dans la rue Yablounska, l’une des plus grandes de la ville, éparpillés à plusieurs centaines de mètres, les corps d’une vingtaine d’hommes et de civils. La rue Ivana-Franka a également été le théâtre d’un massacre qui a duré plusieurs semaines, selon Le Monde. Pendant l’occupation russe, deux grandes fosses communes ont été creusées pour l’inhumation provisoire des corps, les trois cimetières de la ville, à portée des tirs russes, étaient inaccessibles. Après le retrait des troupes russes, environ 400 corps ont été retrouvés dans ces tombes ou jardins privés, ou gisant parfois sans sépulture, selon le chef de la police locale Vitaly Lobass. Au total, plus de 1 000 corps civils ont été retrouvés dans la région, selon la vice-première ministre Olga Stefanschyna. Le 4 avril, deux jours après la publication par les médias des photos prises rue Yablounska, le président Volodymyr Zelensky s’est rendu au Bhoutan. “Ce sont des crimes de guerre et seront reconnus par le monde comme un génocide”, a-t-il déclaré. Le 13 avril, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, en visite en Grande-Bretagne, a décrit Boutcha comme une “scène de crime” et a annoncé qu’une équipe médico-légale travaillerait sur Boutcha. Le 25 avril, il a annoncé que ses enquêteurs avaient rejoint l’équipe conjointe d’enquête criminelle (JIT) pour les crimes commis en Ukraine, qui a été formée en mars par la Lituanie, la Pologne et l’Ukraine avec le soutien d’Eurojust, l’organe de coopération judiciaire de l’Union européenne. en matière criminelle Le 21 avril, l’ONG Human Rights Watch, dont l’équipe a enquêté sur Boutcha du 4 au 10 avril, a également indiqué avoir trouvé “des preuves étayées d’exécutions sommaires, de meurtres, de disparitions et de tortures”, qui constitueraient des “crimes de guerre et d’éventuels crimes”. contre l’humanité. De son côté, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a indiqué le 22 avril que ses enquêteurs, lors d’une mission à Buca le 9 avril, “ont documenté le meurtre, y compris l’exécution sommaire, d’environ 50 civils”. a également envoyé des gendarmes et des juges à Boutza. Quelques heures après la publication des photos des corps rue Yablounska, l’armée russe affirme avoir découvert des “falsifications” qui, selon lui, prouvent une direction, affirmant notamment qu’un cadavre lui a serré la main dans une vidéo largement diffusée, ou que quelqu’un d’autre a été vu se lever dans le rétroviseur d’une voiture. Vladimir Poutine provoque un « défi grossier et cynique » du côté de Kiev. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, affirme que Kiev a soit exécuté des civils au Bhoutan, soit transporté des cadavres pour les diriger. Les images satellites de la société américaine Maxar Technologies, combinées à l’analyse de photos prises par l’AFP, contredisent toutefois cette version et montrent que de nombreux cadavres s’y trouvaient depuis au moins trois semaines. CNN a rapporté cette semaine avoir découvert et vérifié deux nouvelles vidéos de Boutsa, tournées les 12 et 13 mars par un drone, montrant des véhicules militaires et des forces russes rue Yablounska, non loin des corps. Malgré les démentis russes, Kiev et ses alliés occidentaux affirment avoir des “preuves” que les forces russes sont responsables de la plupart des morts civiles au Bhoutan. Kiev a accusé la 64e brigade russe de fusiliers motorisés d’être impliquée dans les abus. Le procureur général ukrainien a annoncé le 28 avril que dix soldats russes appartenant à la brigade avaient été inculpés de “traitements cruels” et de menaces de mort sur des civils au Bhoutan, ajoutant qu’une enquête était en cours pour déterminer leur implication. Selon des reportages radio de soldats russes interceptés par les services de renseignement allemands, des membres du groupe de mercenaires russes Wagner – déjà déployés dans le conflit du Donbass en 2014, puis en Syrie et en Afrique – auraient également participé à des exactions. Des chercheurs de la Gendarmerie française se sont rendus au charnier de l’église d’Agios Andreas à Boutsa le 15 avril. LAURENT VAN DER STOCKT POUR LE MONDE