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“Je transfère de la poudre de ciment. Nous quittons Joliette et l’amenons chez nos clients de la Côte Sud. « En moyenne, je peux passer une heure voire une heure et demie sur cette portion seul », déplore Olivier Sénéchal, chauffeur de camion pour une entreprise de Repentigny, en entrevue avec Le Journal.
Image douce
Olivier Sénéchal. Conducteur de camion
Il peut généralement faire trois voyages par jour, mais avec son travail actuel, il n’en fait que deux.
“Je suis payé à temps, mais j’en connais qui sont payés pour le voyage et certains ne veulent plus aller à Montréal parce qu’ils perdent de l’argent. »
“Tout le monde perd trop de temps”, s’est plaint l’un d’eux sur la page Facebook de Truck Stop Québec.
“Je porte la nuit rien que pour ça”, ajoute un autre.
“En moyenne, je perds 2 à 3 heures par jour”, raconte un camionneur.
D’une autre époque
Lors de la parution du Journal jeudi dernier après-midi, l’embouteillage s’étendait sur plusieurs kilomètres, jusqu’au carrefour d’Anjou.
« Nous vivons avec cela tous les jours », a déclaré Alain Bédard, chef de TFI International, la plus grande entreprise de camionnage au pays.
« C’est certain que le réseau routier montréalais est un vieux réseau sous-financé. “On se retrouve sur une Metropolitan Avenue des années 1950 et un tunnel des années 1960 et ils doivent investir des sommes importantes pour la remettre aux normes.”
Les embouteillages et l’augmentation des prix du carburant ont un impact significatif sur les coûts de transport.
“Nous devons augmenter la facture du client, qui la répercutera à son tour sur les consommateurs”, explique-t-il.
Selon Benoît Therrien de Truck Stop Québec, les compagnies de transport pourraient facturer encore plus très bientôt pour traduire tout le temps perdu à Montréal.
“Les entreprises pourraient facturer au moins 100 dollars supplémentaires par livraison pour couvrir leurs frais liés à la congestion de 25 %. Et avec l’intensification des travaux, la facture sera encore plus élevée”, précise-t-il.
Montréal n’est pas bien pensé
“Montréal est l’une des pires villes d’Amérique du Nord pour la tradition. « J’en connais plusieurs qui sont très découragés lorsqu’ils doivent se rendre à Saint-Laurent, par exemple, raconte Benoît Therrien.
Alain Bédard est moins affirmé, mais admet que Montréal est plus marécageuse que Toronto.
“Ils ont pris des décisions différentes là-bas, mais il faut se rappeler que Montréal est une île, donc ce n’est pas facile de s’y rendre. “C’est comme New York Manhattan”, dit-il.
De plus, selon le classement TomTom, point de référence du secteur, Montréal se classe septième en Amérique du Nord et deuxième parmi les villes canadiennes les plus congestionnées après Vancouver, mais devant Toronto, qui compte une population presque deux fois plus importante.
Au total, en 2021, 65 heures de trafic ont été perdues dans le réseau montréalais. Ce nombre est susceptible d’augmenter cette année avec la multiplication des chantiers.
“Je n’ose pas imaginer. Sérieusement, ce sera l’enfer dans ce coin-là”, lance Olivier Sénéchal.
Contourner la ville
Pour Benoît Therrien de Truck Stop Québec, la plupart des villes américaines ont une autoroute qui permet aux camions d’éviter les centres-villes.
“En plus, les entrepôts sont là, en banlieue, donc ça ne gêne pas la circulation dans les grands centres, ça permet plus de liquidités. »
En attendant, la situation risque de décourager davantage les jeunes de devenir camionneurs.
“Quand vous avez un homme qui quitte Québec et va à Toronto et qu’ils le rattrapent deux heures en déplacement à Montréal, s’il est payé pour les milles, il est loin de faire son travail”, explique Alain Bédard.
Le trafic, la pandémie qui a poussé les automobilistes, les changements de mentalité… plusieurs raisons pour lesquelles la profession perd du terrain.
« Il devient de moins en moins populaire comme métier et entraîne une pénurie de main-d’œuvre dans notre secteur. C’est un gros problème », a déclaré Bédard.
Le bordel du tunnel
Les automobilistes devront faire preuve de patience avec l’autoroute 25 au cours des prochains mois alors que les travaux sur la 25 s’intensifient.
Dans un premier temps, les travaux devraient être achevés en 2024, mais le ministère des Transports revoit déjà le calendrier.
Les équipes travaillent à la réparation de la conduite du pont du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine en direction sud et à la reconstruction de l’autoroute 25 dans la même direction.
« Le temps de trajet sur l’autoroute 25 est 3 à 6 fois plus long que la normale […] en fonction des jours de la semaine, des heures et bien sûr des incidents et des dégâts”, confirme le ministère.