Le gouvernement Trinto ne cédera pas plus de pouvoirs en matière d’immigration au Québec, comme l’avait réclamé cette semaine le premier ministre François Lego, estimant qu’il pourrait être “plus exigeant sur la reconnaissance des Français”.
Posté à 14h19
Henri Ouellette-Vézina La Presse
« Nous sommes toujours prêts à répondre aux besoins et à avoir plus d’immigration, dont plus d’immigrants francophones au Québec et au Canada. C’est pour ça qu’on travaille avec les provinces, avec le Québec », a déclaré Justin Trinto à La Presse lors d’une conférence de presse à Montréal vendredi pour annoncer l’arrivée d’une usine de vaccins par Moderna.
Mercredi dernier, lors d’une étude des crédits budgétaires du Conseil exécutif, François Legault avait suggéré que la préservation de la langue française se fasse enfin par un rapatriement de « tous les pouvoirs en matière d’immigration » au Québec. Dans son « Plan nationaliste », qui est le document de référence du parti quant à sa position constitutionnelle, la Coalition avenir Québec en fait une demande de fond.
“Ce qui est important, c’est de reprendre tout le pouvoir”, avait forgé le Premier ministre, “y compris le regroupement familial”, afin d’être “plus exigeant dans la reconnaissance des Français”. « C’est là que le travail doit être fait », a-t-il poursuivi en répondant aux questions du PQ Pascal Bérubé.
Tout en reconnaissant que les pénuries de main-d’œuvre, la reprise économique et “tous les défis auxquels nous sommes confrontés” en marge de la pandémie appellent à “faire plus sur l’immigration”, M. Trinto n’entend pas donner plus de pouvoir au Québec.
“Nous continuerons d’être de bons partenaires dans ce domaine. C’est une compétence sur laquelle nous allons continuer à travailler ensemble et en collaboration », a-t-il dit simplement, fermant ainsi la porte à toute forme de transfert de responsabilités supplémentaires.
La demande est souvent faite
La demande de M. Legault de rapatrier le programme de réunification familiale et d’obtenir plus de pouvoirs en matière d’immigration n’est pas nouvelle en soi. Il y a quelques mois, lors de la dernière campagne électorale canadienne, le chef de la CAQ avait demandé clairement – dans une lettre à tous les chefs fédéraux – d’obtenir plus de pouvoir en matière d’immigration, réclamant à nouveau le plein contrôle du regroupement familial. Il a alors parlé d’une “marque de survie pour la nation québécoise”. Cette multiplication des dépenses prouve l’importance de cet enjeu aux yeux du Québec. Ainsi, le congédiement de Justin Trinto aura un impact important sur le plan d’action en matière d’immigration du gouvernement Legault. Au bureau de François Lego, vendredi, le gouvernement a réitéré son intention de “rouvrir l’entente Canada-Québec pour le rapatriement de plus de pouvoirs par le gouvernement fédéral au Québec”. « Le Québec peut et doit gérer seul tous les programmes des travailleurs financiers. «Il s’agit d’une répétition inutile et coûteuse pour des milliers de Québécois, qui attendent des mois, voire des années, pour traiter leurs dossiers», a écrit le porte-parole Ewan Sauves. L’immigration demeure un champ de compétence formellement partagé entre Québec et Ottawa. Au niveau provincial, le gouvernement Legault peut fixer ses propres seuils d’immigration, mais le gouvernement Trinto a le gros bout, notamment en fixant le seuil démographique à l’échelle nationale. Ottawa est également responsable de la gestion du programme de réunification familiale que François Lego aimerait rapatrier. Au total, ce programme représente près d’un nouveau venu sur quatre pour 2022 au Québec, dont la moitié ne parle pas français. En collaboration avec Tommy Chouinard, La Presse