Malgré la position du parti indépendantiste, confirmée en début de semaine, les rumeurs d’un rassemblement en Macronie continuent d’empoisonner le début de la campagne des Républicains (LR) aux élections législatives. “On dit”, mais aussi des actes : ce vendredi, la députée LR des Alpes-Maritimes Marine Brenier, proche du maire de Nice Christian Estrosi, lui-même rallié à Emmanuel Macron, a annoncé qu’il quittait le parti, soutenant sa position géographique. Selon France 3, il a rejoint le mouvement Horizons.
Devinant
Jeudi après-midi, loin des caméras mais en présence de 200 partisans, Damien Abad a entamé sa campagne pour les élections législatives de juin dans sa circonscription de l’Ain. Le président de l’actuel groupe LR à l’Assemblée fait paniquer la machine à rumeurs. Il est donné comme un entrant possible dans le gouvernement.
Les spéculations ont refait surface après le dernier conseil stratégique républicain mardi. Ce jour-là, Damien Abad décide de ne pas voter la décision du parti d’exclure tout rapprochement avec LaREM :
“Je me suis abstenu car il ne peut y avoir d’inversion des valeurs”, a déclaré Damien Abad à BFMTV. “Le remblai doit être construit d’abord avec le RN et non avec le macronisme.”
L’ancien candidat au Congrès Philippe Juvin s’est également abstenu. « Peut-être deux futurs ministres ! Lâche devant plusieurs participants Eric Shioti, présent à la table du Conseil.
Visuellement, LR a évité la catastrophe : “ni Macron ni Lepen” continue d’être largement soutenu par les ténors du parti. Mais les élus locaux sont parfois beaucoup plus prudents.
Les élus sont tentés par une approche
Sur Twitter, le maire de Châteauroux Gil Averous déclare “je regrette ce choix”. “Le programme d’Emanuel Macron reprend bon nombre des mesures que nous avons défendues il y a quinze jours.” Sur le même réseau social, le député nordiste Sébastien Huyghe s’agace : “Le seul organe qui peut prendre des décisions, c’est le Politburo !”. Le nom de cet ami proche de Xavier Bertrand figure souvent parmi les possibles ralliements au LaREM. Tout comme la députée des Hauts-de-Seine Constance Le Grip. Les deux candidats à la réélection font campagne dans des circonscriptions où Emmanuel Macron a obtenu de bons résultats.
Aucun signe que la majorité se dirige vers la droite
Si l’on en croit des sources proches de l’exécutif, au secret des conversations téléphoniques ou des réunions discrètes, d’autres députés LR travaillent depuis des semaines à se préparer à cette démarche…
Fin mars, un cadre d’Horizons, le mouvement d’Édouard Philippe, prévenait : “Si le score de Valérie Pécresse est bas, il y aura peu d’intérêt à les rejoindre…” Le scénario se déroule. Et le sarcologue Roger Karucci n’observe toujours “aucune main tendue de Macron”, comme il le raconte à nos confrères de Parisien.
Les mouvements des signes sont-ils plutôt attendus au moment de la formation du gouvernement ? “Macron a intérêt à désorganiser l’opposition maintenant, car après les élections législatives c’est plus risqué. En politique, ce qui est pris ne doit plus être pris”, estime un député LR de l’Est.
Combien de députés dans le futur groupe LR ?
Les responsables du parti veulent le croire : les 80 députés sortants candidats à la réélection ont de sérieuses chances d’être réélus sans passer par LaREM. “Nous avons des installations de proximité stables”, rappelle l’un.
“Le maintien d’un groupe de 70 à 100 élus pourrait nous permettre de rester le premier groupe de l’opposition”, espère-t-on en interne.
Le groupe compte désormais 101 députés.
Le 7 mai, le parti lancera officiellement sa campagne, lors d’un événement au siège. “Si on installe un programme ce jour-là, quelques idées fortes très simples, si on a un leader, un chiffre peut-être un peu différent… On peut créer quelque chose”, estime le ténor du parti.
Imaginez le maire de Cannes, David Lisnar, président de l’Union des maires de France (AMF), figure montante de la droite, participant à la campagne, comme le prédécesseur de François Barouane avait amené son homologue de 2017.
A l’issue du Conseil stratégique mardi dernier, le président du parti, Christian Jacob, s’est dit prêt à mener le combat. L’objectif sera de déjouer les pronostics les plus pessimistes : un groupe sous la barre symbolique des cinquante députés et un parti durablement fragilisé par les divisions.