POLITIQUE – Certains réveils sont plus difficiles que d’autres. Celui des Républicains, dont la candidate Valérie Pécresse est passée sous la barre des 5 % au premier tour de la présidentielle du 10 avril, en fait partie. La formation de la rue de Vaugirard doit faire face à la non-indemnisation de sa campagne, qui a coûté environ 15 millions d’euros, et trouver sa ligne politique dans un paysage de reconstruction à droite – ou de désagrégation, selon -, tout en préparant la bataille pour les élections législatives de juin prochain. Une échéance décisive pour l’avenir du parti Goliath, tant sur le plan financier que le montant dont disposent les partis est lié, entre autres, au nombre de députés, ainsi qu’à celui de l’influence. Dans ce contexte périlleux, au bord du précipice, certains candidats, qui se sont déjà investis, choisissent de jeter l’éponge. D’autres sont tentés de regarder ailleurs, quitte à alimenter la fuite des élus de la majorité LREM associée à Emmanuel Macron.

Vingt candidats démissionnent

C’est désormais une vingtaine du parti LR, selon le décompte des effectifs, à quitter la course aux législatives. Probablement « 10 % » souffle un élu exécutif dans les colonnes du Figaro samedi 30 avril, soit deux à trois fois plus de personnes. Parmi ces personnalités, des profils peu connus du grand public, comme Soizic Perrault, le vice-président du conseil préfectoral du Morbihan à présenter dans la 3e circonscription, celle de Pontivy. Qui voudrait se présenter à une élection avec un candidat qui a remporté moins de 5 % ? Maxence Henry, candidat démissionnaire, au Parisien “Participer à ces élections législatives n’a plus de sens”, écrit l’élue locale dans un communiqué détaillant les raisons de sa décision : “En effet, j’ai défendu une ligne politique pour la campagne présidentielle avec convictions. Suite à l’échec de Valérie Pécresse, il ne me semble pas possible de défendre son travail dans ce contexte. Comme elle, plusieurs candidats de la Loire, de la Gironde ou du Maine-Loire ont annoncé qu’ils quitteraient leurs fonctions de députés. Deux facteurs semblent peser sur les différents témoignages publiés dans la presse : le risque financier et le spectre de la défaite. « Qui voudrait aller perdre une élection avec un candidat qui a remporté moins de 5 % ? résume Maxence Henry, adjoint au maire d’Angers au Parisien, ce samedi. Il renonce aussi. Et il n’y a pas que ça. En dehors de ces prétendants, de nombreuses personnes de la dernière campagne ou du parti ne feront pas partie du parti. Patrick Stephanini, directeur de campagne de Valérie Pécresse, s’est penché sur le 9e arrondissement des Yvelines. Il a fini par démissionner, tout comme Nicolas Florian, l’ancien maire de Bordeaux. De son côté, le patron LR Christian Jacob a annoncé qu’il ne se présenterait pas aux élections : une décision “est prise depuis deux ou trois ans”, assure l’élu présent à l’Assemblée depuis 1995.

Retirer le logo des affiches

Quant aux autres, ceux qui seront de bons candidats seraient tentés de ne pas faire d’histoires pour rejoindre les Républicains. “Les cadres de LR m’ont clairement dit de retirer le logo de mes affiches et de faire campagne en mon nom. C’est la supposée stratégie”, confie un prétendant dans les colonnes de Marianne. Autant de signes qui témoignent de la fièvre qui règne rue de Vaugirard. Et rien n’indique que la situation va se calmer. L’état-major a beau avoir confirmé son “indépendance” le 26 avril face à Macron, après avis stratégiques, les rumeurs d’apostasie continuent de tourbillonner. La droite républicaine n’a d’autre choix que de se ranger du côté de la majorité présidentielle Marine Brenier, ancienne députée LR des Alpes-Maritimes passée aux Horizons La proposition controversée a également été votée à l’unanimité, ce qui confirme que le parti Golist “a sa propre voix, celle de la droite indépendante et populaire qui doit exister par elle-même”… moins deux abstentions, celles du député des députés, Damien . Abad, et le maire de La Garenne-Colombes, Philippe Juvin. Le premier est au cœur de spéculations grandissantes suite à la révélation d’une rencontre récente avec Thierry Solère, un ancien LR devenu conseiller d’Emmanuel Macron. A l’image du fougueux duo, d’autres élus, inquiets pour leur survie, semblent aussi plus disposés à travailler avec le président de la République. C’est notamment le cas des patrons ou mécènes régionaux Jean Rottner (Grand Est) et Christelle Morançais (Pays-de-Loire) ou des maires Daniel Fasquelle et Gaël Perdriau. Selon un élu LR, cité par l’Agence France-Presse en milieu de semaine, “une vingtaine de députés sortants”, au total, “pourraient aller à Macron”, sur la centaine que compte le groupe. Parmi eux, Marine Brenier, députée des Alpes-Maritimes, a déjà passé le rubicon. “Mon parti est hors jeu et pour alourdir le débat national, la droite républicaine n’a d’autre choix que d’être à côté de la majorité présidentielle”, a écrit vendredi l’élu, proche de Christian Estrozi. son départ d’Horizons, le parti fondé par Edouard Philippe. De quoi inspirer ce commentaire gourmand d’un ancien membre de la campagne de Valérie Pécresse, qui était déjà de l’autre côté : “Attention, ça commence (emoji popcorn).” Les Français ont choisi de réorganiser le paysage politique en trois blocs : extrême droite, extrême gauche, bloc républicain. Pour équilibrer le débat, la droite républicaine doit côtoyer la majorité présidentielle. Je quitte donc ma famille politique @lesRepublicains. pic.twitter.com/1uzNCPsZEx — Marine Brenier (@marinebrenier) 29 avril 2022 À lire aussi Le HuffPost : Que changerait l’élection proportionnelle ?