Posté à 8h00
André Dubuc La Presse
Mme Vincent préside la société immobilière Prével, responsable de la construction de nombreux projets domiciliaires dans le centre de Montréal. Il travaille actuellement sur l’Esplanade Cartier, un lotissement de 2 000 logements au pied du pont Jacques-Cartier. Par cette réponse, elle a répondu à Luc Rabouin, maire du Plateau-Mont-Royal et responsable du développement économique au comité exécutif, qui avait précédé sa démarche en louant les bienfaits d’une “densité à échelle humaine”. “Ma ville a l’une des densités les plus élevées et il n’y a pas de tours”, a déclaré Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM, à propos de la vision de de la Ville pour le secteur Pont-Bonaventure au sud-ouest du centre-ville. La ville et les promoteurs immobiliers, dont Devimco, sont en désaccord sur l’avenir de l’industrie. La direction de Valérie Plante propose d’y construire 4 000 logements sur une superficie de 2,3 kilomètres carrés. Les supporters y voient trois fois plus d’espace. En pleine crise du logement, le décalage entre les deux visions attire l’attention.
“Appareils de restrictions”
Mme Vincent était sur le podium de la Chambre de commerce non pas pour parler du Pont-Bonaventure, mais pour expliquer les difficultés qu’elle éprouve avec l’administration municipale pour le projet de l’Esplanade Cartier, à l’est du centre-ville. “Les pouvoirs publics sont devenus des machines de contrainte”, a-t-il déclaré. Pour ceux qui ne la connaissent pas, Mme Vincent est à l’opposé de l’image traditionnelle du supporteur, le mâle alpha, qui « rase » tout sur son passage pour arriver à ses fins sans se soucier des conséquences. « Le projet de l’Esplanade Cartier de Prével est exemplaire », selon Michel Leblanc : multiples concertations en amont, agriculture urbaine avec jardins sur les toits, place publique, logement social avec le Y des femmes de Montréal, préservation de la vue sur le pont Jacques-Cartier, voirie publique qui favorisent le transport actif et les commerces locaux pour revitaliser la rue Sainte-Catherine. OFFRE D’IMAGES DES ARCHIVES PRÉVEL, LA PRESSE Illustration d’une partie du projet Esplanade Cartier L’Esplanade Cartier remplace, a assuré Mme Vincent, un terrain vague, un îlot thermal, qui déformait l’entrée sud-est de la ville. «Quand j’apprends les caractéristiques de votre projet et que j’entends la ville parler de ce que devrait être le développement urbain, je me dis que la ville doit tout faire pour favoriser sa réalisation», a-t-il déclaré Leblanc, lors de la discussion avec Mme Leblanc. Vincent suit son discours. La vérité serait tout autre, on le comprend des propos de Mme Vincent. « [Bien] que nous consultons depuis près de trois ans et que le Bureau Public d’Consultation a été favorable aux collines et au projet présenté, l’urbanisme particulier approuvé par la Municipalité ne va même pas dans ce sens : on coupe les hauteurs, on réduit les surfaces au sol, que nous limitons à 750 mètres carrés”, a-t-il rappelé au public. Cette restriction des surfaces de plancher dans le secteur des Faubourgs est en soi une épopée, dont La Presse a déjà parlé. Les trois premières phases de l’Esplanade Cartier ont été lancées conformément aux directives du règlement d’implantation. L’inflation des coûts de construction met désormais en péril la rentabilité du projet, ce qui conduit Prével à demander des dérogations de chantier pour les trois dernières phases.
Processus fastidieux
La situation oblige donc Prével à retourner à la Ville pour approuver les dérogations de zone pour les phases finales du projet de l’Esplanade Cartier, un processus qui pourrait mener à un référendum à la demande de la population. Outre le risque de référendum, le processus de projets spécifiques pour construire, modifier ou occuper un bâtiment est fastidieux. “Ils nous envoient à l’urbanisme, qui nous envoie au génie, qui nous renvoie au service des eaux, qui nous renvoie au service des incendies, qui nous demande de valider avec les permis, qui attend après le début du procès pour” … Envoyer… On est revenu à l’urbanisme, si bien qu’on ne sait pas qui prendra finalement la décision”, a-t-il déclaré dans une émeute qui a reçu les applaudissements des 300 personnes présentes. Laurence Vincent ne s’est pas arrêtée aux critiques. solutions suggérées. Propose à la Municipalité de nommer un gestionnaire de projet avec pouvoir décisionnel, qui aura le devoir de transférer le travail de l’organisme d’exécution à travers le mécanisme municipal, en encourageant les services à traiter le dossier avec diligence et efficacité. En réponse à la crise du logement, il propose que les municipalités adoptent des cibles annuelles de mises en chantier, ce qui les inciterait à être proactives. “Pour le moment, le seul acteur qui a la charge de construire de nouvelles maisons est le constructeur”, a-t-il déclaré.